RÉPONSES AUX QUESTIONS POSEES LORS DE LA
JOURNEE TECHNIQUE FNOSAD-GDSA47 (AGEN) DU 15/01/21
Réponses rédigées par Marc-Édouard Colin
Durée moyenne de vie d’un varroa ?
Le parasite adulte mâle ne survit pas hors de la cellule d’abeille. La femelle adulte ne survit pas après deux cycles de ponte complets. En dehors de la reproduction elle peut survivre plusieurs mois à condition d’avoir des abeilles pour assurer son alimentation.
Les travaux de Milani et Trouiller présentés par ME Colin date du siècle dernier. Ont-ils été reproduits pour vérification avec les populations actuelles de varroas ?
Comme indiqué sur les diapositives, des articles scientifiques de 2013, 2016, 2020 ont été analysés et cités. En particulier les articles de Gonzalez-Cabrera et collaborateurs (2013 et 2016) confirment les travaux de (Milani 1995).
Est-on sûr que les nouvelles générations de varroas issues des varroas résistants n'ont pas acquis cette résistance (aux traitements Apivar et pyréthrinoïdes) ?
La résistance par modification de la cible d’un acaricide est une mutation et se transmet à la descendance. Pour les autres types de résistance la transmission à la descendance est aussi possible mais avec des mécanismes différents.
Quels sont les risques de résistance des varroas aux acides organiques ?
La résistance de type métabolique, c’est à dire par augmentation des capacités d’élimination du toxique, est possible que les molécules soient naturelles ou synthétiques. Toutefois, il est difficile de dire si elle est peu ou fortement probable dans le cas des acides organiques, vu la rareté des données scientifiques sur le sujet.
N'y a-t-il pas une acquisition par mutation génétique chez le varroa, y a-t-il des études qui ont pu identifier la résistance génétique du varroa ?
Les articles scientifiques de Gonzalez-Cabrera et collaborateurs (2013 et 2016) confirment et indiquent précisément le lieu et la nature de la mutation de la cible du tau-fluvalinate.
N’y a-t-il pas une accumulation possible des résistances quand il y a des croisements ?
C’est possible mais il ne faut pas oublier que la résistance a un coût énergétique qui va se répercuter en diminuant les capacités de reproduction du parasite. Plus le niveau de résistance est élevé, plus la reproduction sera impactée. Il faut considérer la résistance comme une solution de survie des parasites lorsqu’ils sont sous la pression d’un toxique.
Peut-on dire que grâce à l’apiculture bio, les populations sensibles de varroas sont maintenues suffisamment importantes pour distribuer une génétique favorable pour les traitements conventionnels ?
Il n’existe aucune étude scientifique sur ce sujet, bien que la question soit intéressante.
La capacité à résister métaboliquement n’est-elle pas un effet épigénétique donc transmissible à la descendance ?
La résistance métabolique est transmissible à la descendance même si la qualification d’épigénétique est discutable.
Où en est-on sur la sélection de variétés d'abeilles résistant de façon autonome à Varroa ?
Une souche d’abeille résistante sous tous les climats et quelles que soient les pratiques apicoles, est une utopie. L’acquisition d’une résistance de l’abeille transmissible à plusieurs générations n’est envisageable qu’à partir des abeilles d’une exploitation ou d’un groupe d’exploitations. En effet l’abeille doit d’abord être productive c’est à dire adaptée au milieu et au type d’exploitation puis sélectionnée sur le caractère d’augmentation de la résistance au parasite. Si ces conditions sont respectées, on aura sélectionné plusieurs souches d’abeilles résistantes et maintenu une meilleure diversité génétique.
A-t-on des informations (études ou informations empiriques) sur la résistance de varroa au froid ? (Il semble que les régions montagneuses soient davantage épargnées)
La population parasitaire n’augmente qu’en présence de couvain d’abeille donc plus la période couvain est longue plus le nombre de parasites s’accroît.
Est-ce que la souche d'abeilles tolérantes au varroa existe réellement en France ?
Les avis divergent selon qu’on s’adresse à des commerciaux, à des apiculteurs ou à des scientifiques !
Existe-t-il d'autres traitements que ceux utilisables classiquement à l’étude (d'efficacité démontrée) et peut-on espérer un traitement qui éradiquerait définitivement le varroa ?
Depuis 50 ans les traitements par des molécules biologiques ou synthétiques ont permis de maintenir l’apiculture mais non d’éradiquer la parasitose. De nouveaux traitements sont très souhaitables tout en ayant conscience qu’ils auront les mêmes limites d’efficacité que les précédents.
La multiplication des traitements chimiques n’est-elle pas un frein à une adaptation de l’abeille par elle-même ?
L’arrêt de toutes les mesures thérapeutiques anti-parasitaires dans une région entrainerait une disparition énorme des colonies, donc de l’apiculture et de ses fonctions sociale, économique, agronomique et écologique pendant plusieurs années. Un coût qui a été jugé insupportable.
Le traitement hivernal n’agit-il pas essentiellement sur les varroas résistants ?
Le traitement hivernal peut être actif comme inactif sur les varroas résistants, tout dépend de l’existence ou de l’absence de parasites résistants avant le traitement envisagé pendant l’hiver.
Dans un rucher, y-a-t-il de grandes différences de résistances des varroas aux médicaments entre les colonies ?
Si la même substance active est utilisée exclusivement depuis plusieurs années, seuls les varroas résistants à cette substance active persisteront dans les colonies mais leur nombre restera variable selon les colonies.
Observe-t-on une dilution des résistances en alternant les substances actives ?
Il n’existe pas de réponse universelle car celle-ci dépend d’abord du type de résistance développé par les parasites et ensuite des substances actives utilisées. Seul un suivi régulier des résistances par des tests de létalité parasitaire, étendus à l’ensemble des substances actives, permettrait de dire que telle ou telle alternance est plus efficace et plus durable qu’une autre. Ce suivi régulier guiderait aussi le choix des substances actives pour une année définie.
Que pensez-vous des tentatives de traitements sonores ?
Il n'y a pas à notre connaissance d'études démontrant leur efficacité.
On cite souvent le chlorure de lithium sur le web. Peut-on espérer un traitement avec cette substance ?
Le chlorure de lithium a montré une efficacité intéressante sur les varroas en laboratoire mais il semble que l'expérience soit difficile à reproduire en pratique et on ne connaît pas les effets sur les abeilles et la santé humaine. L'avenir nous dira si on peut espérer un traitement avec ce produit mais aujourd'hui, il n'y a pas de publication scientifique à ce sujet.
En 1986, des études avaient été faites avec le sulfate de Cu, le thiosulfate de sodium et le dimercaptopropanol avec de très bons résultats sur les mortalités de varroas. Peut-on espérer des nouveaux traitements avec ces produits ?
Nous n'avons pas connaissance de publications ou d'articles récents à ce sujet.
Est-ce qu'il y a un protocole connu pour le traitement au huiles essentielles (sauge et thym) ?
Non il n'y a pas de protocole validé. Les tests comportementaux avec des nymphes en boîte de Pétri et de la sauge montrent qu’il y a un aspect répulsion utilisé pour beaucoup d’autres substances naturelles. Cependant cet aspect est efficace en laboratoire, beaucoup moins sur le terrain. De plus, attention à la composition des extraits naturels, qui peut être sujette à variations.
Question de la Martinique : l’environnement tropical peut-il avoir une influence favorable ou défavorable sur le traitement ?
La douceur des températures permet d'avoir du couvain toute l'année donc une reproduction du varroa en permanence. Il faut envisager une interruption de couvain si on souhaite agir efficacement contre le varroa.
Réponses rédigées par Jean-Marie Barbançon
L’accumulation dans les cires des molécules utilisées pour les traitements varroas ne favorise – t-elle pas les résistances ?
Effectivement, on ne peut pas écarter cette hypothèse, raison de plus pour bien respecter les modalités d’application des médicaments. A noter que cela concerne les substances actives lipophiles et donc capables de se fixer dans la cire (par ex. : amitraze, pyréthrinoïdes)
Y-a-t-il des modèles de ruches à favoriser pour améliorer la résistance des abeilles aux varroas ?
A priori non ou du moins rien qui soit prouvé scientifiquement.
La disposition des ruches dans un rucher permet-elle de limiter les contaminations par les varroas ?
Selon les possibilités offertes par l’emplacement, les ruches doivent être disposées pour limiter la dérive des butineuses. Et cela doit limiter les contaminations éventuelles intra-rucher.
Est-ce qu’il y a des races d’abeilles plus résistantes aux varroas (hormis l’abeille asiatique) ?
Pas que l’on sache de source sûre
Réponses rédigées par Jean-Marie Barbançon
A-t-on connaissance de reines portant des varroas ?
Oui bien sûr, on a pu voir des varroas sur des reines mais cela n’a pas d’impact sur leur santé, car ce sont seulement des varroas en déplacement.
La diminution de l’immunité est-elle due à la présence de virus ou le contraire ?
D’après diverses recherches il semble que l’on puisse affirmer que ce sont les deux … Une sorte de cercle vicieux en somme
Comment renforcer l’immunité de l’abeille ?
Comme il a été dit lors de la journée : déjà en plaçant ses colonies d’abeilles sur des emplacements fournissant de bonnes ressources avec peu d’interruptions. L’apport de pollens de qualité est important. On pourrait parler de « verts pâturages » ! Autre point : adapter le nombre de colonies aux ressources pour éviter le surpâturage. Bien sûr éviter les emplacements à risques environnementaux et traiter efficacement contre le varroa.
Donc pas de recettes « miracle ».
Nourrir avec trop de sucre au lieu du miel ne diminue-t-il pas l'immunité ?
En principe non. Le sucre comme le miel sont sources de glucides. Ce n’est pas l’apport de ces denrées qui permet le bon fonctionnement du système immunitaire de l’abeille mais plutôt la qualité et la quantité des protéines fournies par les pollens.
En présence de varroas, comment aider l’abeille à avoir de meilleures défenses contre les virus ? Faut-il travailler sur la qualité de l’alimentation ?
Comme expliqué ci-dessus la qualité de l’alimentation est importante. Mais pour lutter contre les virus associés au varroa il n’y a pas d’autres solutions que de tenir l’infestation des colonies à un niveau le plus bas possible.
Réponses rédigées par France Gave
Combien doit-on avoir de Varroa Controller pour combien de ruches ?
Pour cette technique il faut raisonner en unité rucher, car le matériel est mobile et le traitement est réalisé au rucher.
Un caisson XL permet de traiter 20 cadres de couvain (majoritairement operculé) et chaque cycle dure 2h30.
Au printemps où on ne fait pas d’encagement il faudra plus de temps pour traiter l’ensemble du rucher ou plus de caissons qu’en été où il n’y aura que 2 cadres de couvain par colonie (à la suite de l’encagement en cage duplex, pendant 24j.)
On estime d’après les témoignages des professionnels que 2 caissons XL sont nécessaires pour 100 colonies. Les apiculteurs professionnels se groupent et mutualisent le matériel ce qui leur permet de travailler avec 4 à 6 caissons.
Pour un apiculteur qui a jusqu’à 50 colonies 1 caisson XL est suffisant.
Le bruit des groupes électrogènes ne perturbe-t-il pas les colonies ?
Non car le groupe est installé derrière les colonies à côté des caissons dans la zone de travail. Il ne touche pas les supports des ruches, et les abeilles sont dans la ruche. De plus les groupes électrogènes compacts ont un niveau sonore d’environ 60 DB à 7 mètres.
Pourquoi avoir choisi le Varroa Controller ? Prix d’achat plus bas que les autres caissons ? Résultats récents de comptages varroas ?
Le VC est le seul qui a été testé avec 97,4% d’efficacité (selon son fabricant). La conception du caisson permet de réaliser le traitement dans un volume contrôlé et isolé, pratiquement hermétique permettant une parfaite régulation de la température et de l’hygrométrie. Le VC est le plus abouti et le plus ancien sur le marché. Nous avons choisi l’efficacité et pas un prix … !
A cette date, les colonies sont toutes vivantes, les comptages varroas montrent des colonies avec des niveaux d’infestion très bas voir nuls.
Est-ce qu’une résistance au traitement par hyperthermie est envisageable ?
A mon avis non, car la sensibilité des protéines à la température ne me semble pas un facteur variable… d’autre part le traitement tue 2 générations de varroas dans le couvain et les rescapés sont tués par le dégouttement d’un médicament à base d’AO.
Le coffre montré contient visiblement les cadres de plusieurs ruches. Quid des maladies contagieuses : dans le cadre de ruchers partagés (syndicats apicoles, rucher-école) est-ce bien prudent ? Je ne sais pas si je mettrais mes cadres de couvain en commun avec d'autres apiculteurs dans ce genre de conditions...
Le traitement se fait au rucher, on ne mélange pas les cadres de couvain operculé de plusieurs ruchers. Dans le cas d’un rucher collectif le statut sanitaire du rucher, donc de chaque colonie doit être connu de tous. A minima et en cas de doute organiser une visite sanitaire avec un vétérinaire ou un TSA avant le traitement thermique.
La surface intérieure des coffres est en inox conçue pour être nettoyée et désinfectée après chaque utilisation.
Quel intérêt de l'hyperthermie par rapport au retrait du couvain, ou le griffage (destruction) du couvain ? ou même l'encagement seul de la reine (pas de cage duplex) ?
Hyperthermie vs retrait couvain, griffage : la différence majeure de cette technique réside dans le traitement du varroa dans le couvain et ceci sans le détruire.
Cette différence essentielle permet de conserver la dynamique des colonies sans trou de production et sans mettre la colonie hors couvain.
La scarification du couvain entraine une surconsommation par la colonie pour nettoyer les larves mortes, reconstruire les cadres abimés et redémarrer la ponte à un moment de la saison où les nectars et pollens ne sont pas forcément au rdv en quantité et qualité ce qui nécessite un nourrissement au sirop.
Avec l’encagement en cage Duplex, la surface de ponte est sur deux cadres, donc moins de stress pour la reine et la colonie, tout en conservant leur dynamique.
L’âge de la reine n’est pas un frein à la réintroduction dans cette technique d’encagement sur deux cadres de couvain contrairement aux petites cages.
Quel est le principe et le but des cages Duplex ? Différence par rapport à l’encagement classique ? Peut-on utiliser les cages Duplex sans le traitement thermique ?
L’encagement en cage Duplex diminue le nombre de cadres à traiter en hyperthermie.
Différence encagement classique : avec l’encagement en cage Duplex, la surface de ponte est sur deux cadres, donc moins de stress pour la reine et la colonie tout en conservant leur dynamique. L’âge de la reine n’est pas un frein à la réintroduction dans cette technique d’encagement sur deux cadres contrairement aux petites cages.
Encagement en cage Duplex sans traitement thermique : aucun intérêt puisque ces deux cadres servent de piège à varroas (qui seront tués par le traitement). Sans traitement hyperthermique il faut détruire ces deux cadres de couvain operculé…mais c’est dommage.
L'hyperthermie ne nuit-elle pas au couvain operculé ?
Le couvain supporte une augmentation de température allant, dans des conditions contrôlées d’hygrométrie, jusqu’à 43-44°C, tandis-que le varroa perd ses facultés reproductrices ou meurt au-delà de 38°C.
Dans le VC la température oscille pendant le cycle de traitement avec un maximum de 42°C et une régulation en continu de l’hygrométrie relative.
Les cadres de couvain operculé sont introduits dans le caisson préchauffé (hygrométrie contrôlée et température de 35°C). Le cycle de 2h20 peut alors commencer.
La température du traitement est toujours en dessous de la température dommageable pour le couvain d’abeille.
Quel est le taux d’humidité pendant le traitement dans le Varroa Controller ?
L’hygrométrie optimale relative est régulée en continu en fonction de la température dans l’enceinte. Pour plus de précisions contacter le fabricant.
Vous dites qu’un cycle de traitement, c’est 2h20 et vous traitez 20 colonies sur 6h ? C’est impossible ! Pouvez-vous expliquer l’organisation ? Combien avez-vous traité de colonies par jour ?
Au cours de la journée du 12 aout, nous avons traité 20 colonies, en 2 cycles avec 2 caissons XL, donc 40 cadres traités par cycle.
7 colonies avaient eu leur reine encagée, donc 2 cadres/colonie à traiter = 14 cadres auxquels ont été ajoutés les cadres de 2 autres colonies n’ayant pas eu d’encagement de reines. 9 colonies traitées le matin.
L’après-midi 11 colonies traitées avec une moyenne de 3 - 4 cadres de couvain par colonie.
Comment peut-on assurer une distribution parfaite de chaleur dans la caisse avec une seule sonde et un besoin de contrôle de température si précis ?
Le cadre de couvain dans lequel est insérée la sonde doit être représentatif de l’ensemble des cadres mis dans le caisson. Et c’est la température du couvain qui est mesurée et régulée et non la température ambiante du coffre. Ensuite la répartition de la chaleur se fait par ventilation dans une enceinte fermée, isolée et hermétique donc sans perturbations extérieures et très peu de déperditions.
Pour plus de précisions contacter le fabricant.
Que devient, dans le Varroa Controller, le couvain ouvert qui est à côté du couvain fermé ? Dans le traitement par hyperthermie de juillet suivi du traitement à l'acide oxalique, n'y a-t-il pas de risque pour le couvain ?
Dans notre expérience, les cadres soumis à l’hyperthermie contenaient essentiellement du couvain fermé mais nous n’avons rien observé de particulier sur le peu de couvain ouvert qui a subi ce traitement.
Le traitement à base d’acide oxalique a été appliqué le lendemain du traitement thermique, donc une fois les cadres de couvain passés dans le caisson remis en place, et nous n’avons pas non plus observé d’effets néfastes sur le couvain.
Le traitement thermique n’altère-t-il pas la gelée nourricière dans laquelle baignent les larves (protéines) ?
C’est essentiellement le couvain fermé qui est soumis au traitement thermique. Dans notre cas, nous n’avons rien observé de particulier sur le couvain ouvert, mais ne sommes pas en mesure de dire quel est l’impact sur les gelées nourricières.
Sortir l’intégralité des cadres de couvain ne génère-t -il pas un stress énorme pour la colonie ?
On ne sort que les cadres de couvain fermé, pendant 2h30.
Je ne nie pas le dérangement de la colonie, mais c’est un mal de courte durée pour un bien !
Au retour des cadres l’acceptation du couvain est totale.
Le traitement par hyperthermie seul ne suffit pas dans l’exposé présenté. Un traitement chimique est-il toujours nécessaire ?
Seuls les varroas présents dans le couvain sont tués par ce traitement. Le traitement avec un acide organique permet d’éliminer de la colonie les varroas phorétiques et ainsi d’allonger la période avec un niveau d’infestation très bas au moment où sont conçues les abeilles d’hiver.
Il est peut-être envisageable de traiter uniquement avec l’hyperthermie mais ce sont trois traitements qu’il faudrait appliquer : printemps, juillet et octobre et surveiller tous les mois l’évolution des chutes et appliquer au besoin un traitement par hyperthermie sur la ou les colonies en danger.
A chacun d’élaborer sa stratégie de lutte en fonction de la taille de son cheptel, des niveaux d’infestation observés, de ses compétences et de ses convictions… et tout cela dans le respect de la règlementation et de l’abeille !
Peut-on associer l’acide lactique (pas d’AMM donc pas considéré comme médicament) avec l’hyperthermie ?
L’expérience a été menée avec un des médicaments disponibles dans notre pays, et il n’y a pas de médicament à base d’acide lactique autorisé en France.
Avenir de la recherche : augmenter la température dans la ruche sans sortir les abeilles, avec chaleur pulsée et sonde ?
L’augmentation de la température dans la ruche provoque un stress de la colonie qui va réguler pour conserver le couvain à 35°C. Cela peut représenter un obstacle au traitement thermique. Il existe néanmoins des dispositifs en cours d’étude qui permettraient de traiter la colonie dans son ensemble, mais pour le moment aucun n’est commercialisé en France.
Est-ce que le traitement thermique a été envisagé comme traitement de contrôle après un traitement de base ? Si oui, quel est le résultat ?
Non, à notre connaissance cela n’est pas envisagé dans ce sens-là. Il faudrait préciser quel traitement de base. Et réfléchir si ça a un intérêt.
RAPPEL : L’hyperthermie traite les varroas dans le couvain operculé.
Réponses rédigées par Jean-Marie Barbançon
Lors de l’encagement en hiver, la grappe qui se déplace dans la ruche pourrait abandonner la reine pour se nourrir ? Risque de mort pour la reine ? Quelle est la position de la cage à reine dans la ruche, en hiver ?
Pour éviter l’abandon de la reine, le cadre-cage dans lequel se trouve la reine est placé au centre de la ruche, puis viennent de chaque côté : deux cadres de couvain-provisions, une partition, puis des cadres de réserve. Les cadres cages doivent être de la taille des cadres de corps.
Le transport des œufs hors de la cage est-il réel ?
Le transport des œufs ? Celui des œufs pondus dans une cellule ne présente aucun intérêt car l’abeille, pas plus que l’apiculteur, n’est capable de les décoller de leur support sans les endommager. Le transport d’œufs libérés par la reine sans oviposition serait possible (au conditionnel !). Mais il faut bien prendre en compte que lors de l’encagement il va y avoir une diminution progressive des surfaces de couvain. Des pontes d’ouvrières pondeuses peuvent apparaitre car les inhibitions de leur entrée en ponte s’atténuent : diminution des phéromones royales et de celles en provenance du couvain. Mais cependant on signale rarement des pontes d’ouvrières pondeuses lors de l’encagement, preuve peut être que les phéromones royales circulent encore assez bien.
Peut-on utiliser Varromed comme traitement à base d’acide oxalique après les 25 jours d’encagement ?
Pourquoi pas ! Mais un seul acide réputé pour son efficacité hors couvain est suffisant : l’acide oxalique (2 autres médicaments ne contenant que de l’AO sont disponibles en France)
La reine après libération compense-t-elle l’absence de ponte pendant 24 jours pour ne pas affaiblir la colonie ? Cas particulier des cages Scalvini ? La reprise est-elle plus dynamique que sans encagement ?
Comme souvent, et particulièrement dans ce cas, il ne faut pas penser qu’à la reine mais bien considérer la colonie dans son ensemble. En effet de jeunes abeilles aux capacités de nourrices normalement bien développées et inutilisées sont présentes "autour" de la reine et c’est bien cette "équipe" qui va assurer une reprise d’élevage satisfaisante.
Existe-t-il des techniques de recherche rapide de la reine pour l’encager ?
On peut répondre par la négative et renvoyer aux diverses techniques de recherche de la reine. Il est certain que des abeilles calmes qui ne nécessitent que peu de fumée pour les manipuler facilitent ce travail, pour un peu que l’on observe bien au trou de vol quelle est la principale trajectoire des abeilles entrantes. En principe elles « entrent à la reine » selon l’expression consacrée.
La fin de l’été, c’est le moment du couvain des abeilles d’hiver en montagne. Un encagement à ce moment ne pose-t-il pas de problème ?
L’encagement de la reine ne doit pas être réalisé trop tardivement, en tous cas pas en fin d’été (du calendrier). En montagne on peut prévoir la première quinzaine de juillet. Ainsi les abeilles auront le temps de préparer leurs abeilles d’hiver. Voir ou revoir l’interview de Jean-Noël Humbert.
Pour réaliser un encagement en hiver, faut-il auparavant préparer la colonie ? Que faire par rapport à la population de varroas : traitement autre avant ?
Oui il faut préparer la colonie comme expliqué dans une réponse ci-dessus. Évidemment le traitement d’été (après la dernière récolte) doit être réalisé. L’efficacité de ce traitement sera contrôlée par un suivi de l’infestation.
Réponses rédigées par Jean-Marie Barbançon
La réinfestation évoquée par Jérôme après traitement avec l'Api-Bioxal est-elle spécifique de ce type de traitement ? Autrement dit, n'existe-elle absolument pas avec les autres traitements, et dans la même ampleur ?
Cette ré-infestation n’est pas spécifique de cette méthode de lutte. Dès lors que le traitement effectué, même s’il est efficace, a une durée d’action courte et est appliqué tôt (en général en août) ; il faudra être vigilant par rapport aux risques de ré-infestations. Il est vrai qu’avec les médicaments acaricides à action longue ces risques sont amoindris.
Le protocole des tests prévoit un traitement de contrôle après le traitement afin d'en déterminer son efficacité. Un des traitements de contrôle utilisé est l'Apitraz donc de l'amitraze. Comme nous l'avons vu lors la première conférence, des résistances existent envers cette molécule. Comment cela est-il pris en compte dans les tests d'efficacités ? Les résultats ne peuvent-ils pas être faussés ?
Oui tout est prévu pour que les résultats soient peu faussés et le contrôle est effectué avec un médicament contenant une molécule différente de celle du médicament en test. Mais en l’absence d’un traitement de contrôle idéal (avec une efficacité très proche de 100%) les choses ne sont pas simples. C’est la raison pour laquelle le plus souvent ce n’est pas qu’un seul traitement de contrôle qui est effectué mais deux consécutifs. Vouloir atteindre la perfection conduirait à ne pas réaliser ces tests d’efficacité… pourtant bien utiles.
Comment est calculé le taux d’efficacité des traitements ?
Ce taux d’efficacité est calculé à partir de données qui sont obtenues par comptages de chutes de varroas sur des langes :
varroas morts du fait du traitement en test = nb VD tt testé
varroas morts suite au(x) traitement(s) de contrôle = nb VD cont
Pourcentage d’efficacité = nb VD tt testé / nb de VD tt testé + nb de VD cont
Réponses rédigées par Jean-Marie Barbançon
NB : le RCP d’un médicament est le Recueil des Caractéristiques du Produit
Il est dit que l'alternance de traitement limiterait la résistance sur varroa.
Est-ce que l'utilisation d'un produit en traitement d'été, puis un produit différent en traitement d'hiver peut être considéré alternant en sachant que cette méthode est répétée tous les ans avec les mêmes produits ?
Oui a priori. Mais pour le traitement d’été une alternance reste souhaitable.
Pas de varroas dans les cellules de mâle peut-il être considéré comme colonie sans varroas ? (contrôle sur 10 cellules)
Certainement pas ! Il convient de contrôler au moins 200 cellules de couvain de mâles pour avoir une idée du niveau d’infestation de la colonie. Et de plus il ne s’agit que d’une estimation considérée comme peu fiable…d’autant que ces méthodes d’évaluation doivent être répétées pour avoir une certaine valeur.
Alterner Amitraze et tau fluvalinate est-il intéressant et prouvé scientifiquement ?
L’Apistan dont le principe actif est le tau-fluvalinate ne peut pas être utilisé dans le cas d’une alternance : amitraze/ Apistan/ amitraze/ Apistan, etc. Entre deux applications d’Apistan il convient d’attendre 3 ou 4 ans. Des études attestent des bons résultats que l’on peut obtenir ainsi. Néanmoins il faudra être vigilant quant à l’efficacité en raison des résistances observées.
Comptages sur langes : un varroa tombé pour 15000 abeilles ou un varroa tombé pour 40000 abeilles est complètement différent ?
Oui car la méthode d’évaluation par comptage des varroas en mortalité naturelle donne des résultats sans relation avec la force des colonies.
Les comptages de varroas phorétiques avec du sucre glace peuvent-ils remplacer les dénombrements de mortalités naturelles sur langes ?
Ces deux méthodes sont bien différentes, ont chacune leurs limites et doivent être répétées pour gagner en justesse. Mais d’après plusieurs publications il apparait que la méthode des mortalités naturelles serait plus fiable.
Ne peut-on pas traiter en même temps avec thymol, acide formique, etc. pour faire une synergie ?
En l’absence d’études d’efficacité et surtout de toxicité il est vivement déconseillé d’appliquer simultanément des médicaments contenant des substances actives différentes.
Après un traitement à l’acide oxalique par dégouttement, au bout de combien de jours doit-on compter à nouveau les chutes de varroas pour évaluer la population des varroas résiduels. En gros, pendant combien de temps l'AO fait-il effet ?
L’acide oxalique appliqué en dégouttement agit rapidement et la plupart des chutes de varroas sont observées dans les premiers jours suivant le traitement. Mais elles peuvent s’étaler sur une période d’environ 15 jours.
Dans le cas d’une application après encagement de reine, il convient de contrôler l’infestation environ 1 à 2 mois après pour décider de la pertinence d’un traitement complémentaire.
Concernant la durée des traitements (lanières Apivar), les OSAD recommandent à présent plutôt 10 voire 12 semaines. Doit-on revenir à des durées de traitement plus proches de 8 semaines ?
Non, il faut s’en tenir à 10 (voire 12) semaines pour obtenir une efficacité satisfaisante. Le RCP du médicament (http://www.fnosad.fr/REPO/RCP/APIVAR.pdf) prévoit 6 à 10 semaines en fonction de la présence ou de l’absence de couvain)
L’acide formique rentre-il bien dans le couvain ? Si oui, pourquoi n’a-t-on pas une meilleure efficacité ?
Pour que l’acide formique ait une action sur les varroas présents dans le couvain operculé il est nécessaire que sa concentration dans la ruche atteigne une certaine valeur (ce qui n’est sans doute pas toujours le cas).
Le Varromed semble convaincre beaucoup de monde. Avez-vous des précisions sur son efficacité et la possibilité de l’utiliser à différentes périodes de l’année ?
Dans le RCP de ce médicament ( http://www.fnosad.fr/REPO/RCP/VARROMED.pdf) il est écrit que son emploi n’est prévu que dans le cas de colonies peu infestées. D’autre part les applications doivent être répétées un assez grand nombre de fois surtout s’il y a présence de couvain. Cela pose question car en matière de tolérance pour les colonies il y a un risque toxique dès lors qu’une même génération d’abeilles subit plusieurs fois ce type de traitement. La dose d’acide oxalique distribuée par application de ce médicament est équivalente à celle d’autres médicaments apicoles à base d’acide oxalique (comme seule substance active).
Existe-t-il d’autres traitements que ceux classiquement décrits ?
Si par « traitement » on entend application d’une substance chimique, seuls l’emploi des médicaments disponibles et autorisés en France est possible.
Peut-on espérer un traitement qui éradiquera définitivement le varroa ?
L’éradication de quelque parasite que ce soit est toujours impossible, ce qui n’empêche pas d’espérer la découverte de médicaments plus performants en termes d’efficacité.
Qu’en est-il de l’efficacité de la combinaison de traitements : acide formique l’été + acide oxalique par dégouttement l’hiver + AO au printemps ?
Si l’ensemble de ces traitements est appliqué dans de bonnes conditions, l’efficacité de cette combinaison peut être satisfaisante. Mais des contrôles de l’efficacité par des mesures de l’infestation après le traitement d’été sont vivement recommandées car avec l’acide formique on note assez souvent une efficacité insuffisante en raison d’un nombre important de conditions aléatoires (température, humidité, etc.). De plus, appliquer de l’acide oxalique au printemps, donc en présence de couvain, ne supprimera que les varroas phorétiques. La plus grande partie des varroas se trouvant dans le couvain operculé. Au printemps il est estimé que 80 % des varroas sont dans le couvain
Ne risque- t-on pas de provoquer des résistances des varroas à l’AO avec autant de passages à l’AO ?
Ce risque ne peut pas être écarté. Mais à ce jour aucun écrit scientifique ne fait état d’une acquisition de résistance du varroa à l’acide oxalique.
Pour améliorer l’efficacité des lanières conventionnelles, ne serait-il pas intéressant de faire avant, un traitement flash à l’AO pour améliorer la vitesse d’efficacité, baisser la charge en varroas, et avoir une meilleure efficacité globale ?
Les « lanières conventionnelles » ont effectivement un mode d’action assez lent bien que prolongé dans le temps. Dans certains cas de niveaux d’infestations élevés il serait intéressant de disposer de traitement à effet flash. Mais il ne faut pas perdre de vue que lorsque l’on applique les traitements avec lanières les colonies ont encore du couvain et dans ce cas l’acide oxalique n’a qu’un effet limité aux seuls varroas phorétiques, ce qui représente seulement un pourcentage d’environ 20 à 30 % de la population totale du parasite.
Je ne comprends pas les différences de méthodes d’application de l’AO en hiver : avec ou sans encagement ?
Les deux méthodes sont possibles.
La méthode « classique » : application d’acide oxalique (dégouttement ou sublimation) en période hors couvain.
La méthode avec encagement hivernal est intéressante pour les ruchers situés dans des zones où les interruptions de couvain ne se produisent pas en hiver (Sud de la France par exemple). Cet encagement permet d’obtenir une période sans couvain après 25 jours et un traitement à l’acide oxalique efficace.
Les reines supportent-elles plusieurs traitements à l’AO dans leur vie ? Si oui, combien ?
L’expérience du terrain montre que les reines semblent supporter plusieurs traitements à l’acide oxalique. D’ailleurs il n’a pas été relaté de cas significatifs de pertes de reines qui pourraient être dus à cet acide organique.
Quel risque de mortalité a-t-on pour les reines avec un traitement à l’AO en septembre ?
Un très faible risque. Mais il semble sage de leur éviter chaque fois que c’est possible, une irrigation avec l’acide oxalique. Avec la méthode d’encagement notamment il n’est pas compliqué de garder la reine dans sa cage, de traiter puis de la libérer.
Quel est le risque des traitements par dégouttement d’AO pour l’exosquelette des abeilles ?
Ce risque est relativement faible, si l’on s’en tient à des solutions thérapeutiques à base d’AO ne dépassant pas 45 g par litre de sirop 50/50 et si on ne multiplie pas les applications sur la même génération d’abeilles.
Pourquoi la méthode par dégouttement de l’AO est-elle plus toxique que la méthode par sublimation ?
La consultation d’articles scientifiques à ce sujet ne procure pas de véritables explications.
Ces affirmations semblent relever davantage des observations de laboratoire et du terrain.
Comment agit l’AO sur le varroa ? Destruction des apotèles ?
Pour l’instant personne ne sait comment agit l’acide oxalique sur le varroa. Ce que l’on sait c’est que pour la méthode du dégouttement il faut absolument ajouter du sucre à la solution thérapeutique pour qu’elle soit efficace. Ce qui incite certains scientifiques à écrire que l’addition du sucre permet un meilleur contact entre l’acaricide et l’acarien.
Peut-on traiter à l’AO en présence de hausses ?
Non et ce point est bien indiqué dans les RCP des divers médicaments contenant de l’acide oxalique.
Toxicité d’un traitement d’été à l’AO sur le couvain ouvert ?
Cette toxicité varie (varierait ?) selon le mode d’application : sublimation ou dégouttement.
Envisage-t-on en Italie, du fait du réchauffement climatique, d’hiverner les colonies comme au Québec, dans des hangars à température choisie et constante ?
Pas à notre connaissance
Est-ce que l’essence du bois utilisé pour fabriquer les ruches peut avoir un impact sur le varroa ?
Cela avait été évoqué il y a quelques années. Mais rien n’a été prouvé ni scientifiquement ni sur le terrain et certains apiculteurs qui avaient fait des essais avec différentes essences (châtaignier par exemple) ne parlent plus de leurs résultats…
Les régions montagneuses semblent moins impactées par le varroa. Y-a-t-il un effet du froid sur le varroa ?
Le principal effet du froid se manifeste sur les colonies d’abeilles qui arrêtent l’élevage du couvain dès les premiers froids. Donc pas de couvain = arrêt des cycles de reproduction des varroas, et les périodes hors couvain permettent l’application efficace de médicaments à base d’acide oxalique.
Quels sont les effets des traitements contre le varroa sur les abeilles traitées ?
Ces effets dépendent de la nature ou de la famille des substances actives employées et de leur toxicité vis-à-vis de l’abeille, qu’elle soit adulte ou immature. La plupart des acaricides présents dans les médicaments de lutte contre le varroa ont également un effet insecticide. Tout est donc question de dose, on détermine donc un coefficient de sécurité et c’est un vrai défi que de vouloir détruire des acariens dans une colonie d’abeilles (insectes).
Sinon, les effets peuvent se traduire par des mortalités d’abeilles adultes ou du couvain. De même des affaiblissements de colonies ont été révélés lors de certaines études.
L’emploi des seuls médicaments garantit normalement des effets nuls ou négligeables, à condition évidemment de respecter leurs conditions d’utilisation.
Est-ce que la lutte biotechnique avec les cadres à jambage pour favoriser la concentration des cellules de mâles et leur destruction présente encore un intérêt ?
Pour que la lutte biotechnique par destruction du couvain de mâles présente une efficacité intéressante il faut absolument que le couvain de mâles soit découpé, retiré au bon moment et détruit. Il est bien connu que c’est en raison de la forte attractivité du couvain de mâles pour les femelles varroas fondatrices que cette méthode de piégeage dans le couvain de mâles est intéressante. A contrario il faut être prudent avec les cadres à jambage pour lesquels on laisse construire librement leurs rayons par les abeilles car il est reconnu que le nombre de cellules de mâles est proportionnellement plus important qu’avec les rayons obtenus sur cires gaufrées. Plus de mâles émergents = accélération plus rapide des niveaux d’infestations par le varroa.
Connaît-on les mécanismes d’action des molécules utilisées dans les traitements contre le varroa et ne pourrait-on pas se servir de ces mécanismes pour gérer les associations de traitements ?
Pour certaines substances acaricides utilisées dans la lutte contre le varroa on connait les mécanismes d’action (neurotoxiques pour la plupart), pour d’autres comme par exemple l’acide oxalique on est encore dans l’ignorance. Mais justement pour une bonne stratégie de lutte il est recommandé d’alterner les acaricides en tenant compte des familles chimiques de ces substances. Par contre il ne faut pas associer de médicaments simultanément, car aucune étude de toxicité (ni même d’efficacité...) sur les abeilles n’a été faite.
Que penser du léchage des hausses par les abeilles après la dernière miellée ? Est-ce que cela joue un rôle pour les transmissions de varroas ?
Il existe diverses façons de faire lécher les hausses, il est vrai que dans le cas du léchage de piles de hausses où les abeilles de plusieurs colonies (voire de plusieurs ruchers) se retrouvent on peut effectivement s’interroger sur les risques de transmission et d’échanges de varroas. Mais le pillage de colonies affaiblies et/ou en train de s’effondrer du fait de la varroose reste la source principale de ré-infestation.
Quel(s) protocole (s) de traitements conseillez-vous en apiculture bio ?
Recourir aux seuls médicaments autorisés, à savoir : spécialités à base de thymol, d’acide formique et d’acide oxalique. Cette lutte par des moyens médicamenteux doit presque impérativement être « épaulée » par des moyens biotechniques tels que l’encagement de reines (ou autres mesures agissant sur la population des colonies : suppression ou destruction du couvain), ceci pour obtenir des périodes hors couvain dans les colonies. Ces méthodes biotechniques sont requises principalement en période estivale. Dans le sud de la France l’encagement de reines peut être vivement conseillé dans les cas où le couvain persiste même en hiver.
Pour un traitement d’été, pourquoi ne pas faire un retrait de couvain ou une destruction de couvain et après, un traitement du style Apivar, avec une bithérapie en hiver (blocage de ponte) à l'AO ?
Cette démarche est concevable mais reste lourde à mettre en œuvre.
Théoriquement, une bithérapie comprenant
un traitement avec un médicament à effet prolongé (lanières contenant de l’amitraze par exemple)
suivi en hiver d’une application d’un médicament à base d’AO en période hors couvain
devrait être suffisante pour atteindre un objectif fondamental qui est de laisser moins de 50 varroas résiduels dans les colonies. Voilà pour la théorie. Mais on n’insistera jamais assez sur la nécessité de pratiquer des contrôles de l’efficacité des traitements appliqués et des niveaux d’infestation. Ces contrôles sont sur le terrain les seuls moyens de mettre en évidence des efficacités insuffisantes voire des suspicions de résistance.
Quelle est la toxicité éventuelle de l’acide oxalique (AO) sur le couvain ouvert, notamment avec l’utilisation du VARROMED en plusieurs passages en saison jusqu’à 5 fois et plus décrits par le fabricant. Si l’intérêt hors couvain de l’AO en un seul passage ne se discute plus (hiver ou encagement), son utilisation avec couvain notamment ouvert peut prêter à discussion.
Effectivement, des études scientifiques ont démontré l’existence d’un certain niveau de toxicité de l’acide oxalique pour les larves d’abeilles, avec des sensibilités différentes selon les stades larvaires. Les effets observés consistent en lésions et mortalité des cellules intestinales (cellules cylindriques de l’intestin moyen) ainsi que des mortalités. De plus l’acide formique associé à l’acide oxalique dans cette formulation n’est pas anodin, des lésions cuticulaires des jeunes larves lui seraient attribuables.
Réponses rédigées par Jean-Marie Barbançon
Le traitement à l’acide oxalique en pulvérisation se fait à quelle concentration ?
Pour la France il n’y a pas de médicament à base d’acide oxalique permettant cet usage.
Dans certains pays européens on utilise aussi de l'acide lactique. Existe-t-il des études à ce sujet en France ?
Très peu d’études en France. Et aucun médicament avec AMM à base d’acide lactique n’est disponible.
Pourquoi n’a-t-on pas de l’acide oxalique pur avec AMM comme en Suisse ? Qu’est-ce qui bloque ?
Aucun laboratoire n’a fait de demande d’autorisation de mise sur le marché d’une telle spécialité pour la France. Pourtant il semblerait que cela serait possible.
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