Réponses aux questions posées par les internautes
lors de la journée technique FNOSAD-APIDOR à Périgueux, le 27/11/21.

 

THÈME : FAIRE FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE DANS LA DURABILITÉ

Réponses d'Étienne Bruneau

Il existe de nombreux ouvrages qui décrivent comment faire un bon candi. J’attire cependant votre attention sur le fait qu’il ne faut pas mettre n’importe quoi dans un candi. Je ne suis pas favorable à l’apport de protéines dans le candi car l’abeille n’a pas pour habitude de mélanger ses réserves, du moins dans les proportions qu’on lui propose habituellement. Il faut également éviter les éléments dont on ne connaît pas bien les effets sur les abeilles.

L’idéal est d’avoir une source d’eau vive à proximité du rucher si on veut que les abeilles se focalisent en priorité sur cette source. En cas de sécheresse, elles devraient pouvoir trouver de l’eau à moins de 600 m ou moins si possible

La période et le type de cage seront importants pour assurer un bon hivernage avec une reine encagée. Dans de bonnes conditions la reine peut rester encagée pendant plusieurs mois (par ex de la mi-octobre à fin janvier).

Une reine vit normalement 4 à 5 ans, et les produits avec lesquels elle entre en contact peuvent limiter cette durée de vie. Mais si on change les reines tous les ans, on ne fait plus aucune sélection sur la longévité des reines et cela devient un cercle vicieux.

On doit certainement se poser des questions sur nos pratiques apicoles. Qu’est-ce qui est le plus rentable aujourd’hui ? Avoir par exemple deux cents colonies moyennes qui produisent correctement (±20 kg) et qui demandent peu de suivi et de nourrissement (5 kg), ou cent super colonies qui font de super récoltes les bonnes années (±60 kg) mais qui consomment beaucoup (30 kg) et qui ne peuvent pas survivre les mauvaises années ?

Le travail de sensibilisation effectué par le GIEC est remarquable et devrait nous inspirer dans nos actions. L’Homme reste cependant l’Homme et on ne peut pas changer quelqu’un qui ne peut entendre. L’environnement va nous pousser à comprendre qu’il faut changer si l’on veut survivre et nous devrons aider les gens à prendre le bon chemin. La situation évolue rapidement et c’est comme si la situation devenait de plus en plus critique à tous points de vue. Il faudra préparer les pistes à suivre qui vont révolutionner notre façon de vivre…

 

THÈME : PRÉPARER L'HIVER

Réponses de Jean-Luc Delon

Pour répondre à cette question, il faut examiner deux choses : la quantité estimée d’abeilles et la quantité de ressources alimentaires stockées dans la ruche.

Il faudrait ajouter, bien sûr, la zone géographique, la météorologie et la durée de l’hiver !

Donc, sur les 10 cadres d’une Dadant, il faut d’abord vérifier combien d’intercadres sont occupés par les abeilles avant la formation de la grappe hivernale.

- si 6 intercadres sont occupés, et que les réserves de miel sont importantes y compris sur les cadres de rive, il n’y a, a priori, pas de risque ou de problème particulier (hors soupçon de maladie) pour passer la période hivernale.

- si la colonie n’occupe que 3 intercadres et que les réserves de miel sont importantes et réparties sur les 10 cadres, il faut s’interroger du pourquoi de cette situation (essaimage tardif, mortalité anormale, maladie… ?) mais surtout prévoir deux risques importants : moisissure en fin d’hiver des cadres de rive, pillage des réserves par des colonies plus puissantes. Dans ce cas : resserrer la colonie entre deux partitions et réduire l’entrée.

En conclusion, une ruche Dadant 10 cadres, à l’entrée de l’hiver, lourde et correctement isolée (sans excès !) doit avoir une population positionnée sur 5 ou 6 intercadres en début d’hiver.

 

Effectivement, le miel de lierre peut poser un problème, notamment s’il a été stocké fin septembre – octobre dans la zone du corps de ruche qui entoure la zone de ponte centrale de la colonie.

Le problème qui peut se poser est que la cristallisation peut être poussée jusqu’à une déshydratation quasi totale faisant que les alvéoles sont alors remplies d’une poudre sèche de sucre inutilisable par la grappe d’abeilles en période froide (réhydratation par apport d’eau externe impossible). La colonie peut mourir de faim sur une importante réserve !

Il n’est pas sûr cependant que la totalité du miel stocké dans le corps de ruche soit uniquement du miel de lierre. La colonie a pu faire un stock d’autre miel dans cette zone avant la miellée de lierre et positionner le miel de lierre dans les cadres périphériques.

Que faire ? Si la météo le permet en fin de miellée de lierre et selon la zone géographique, il peut être possible de retirer deux cadres de corps totalement remplis de miel de lierre (déjà fortement cristallisé) et les remplacer par deux cadres bâtis vides positionnés de part et d’autre de la colonie en fournissant une bonne quantité de sirop lourd (60-40) soit environ 6 à 8 kg. La colonie doit « prendre » ce sirop rapidement (environ 3 jours maximum) car sinon, il y a un problème de dynamique et peut-être un souci lié à la parasitose varroa, par exemple.

S’il n’est pas possible de mettre en œuvre cette solution, il vaut mieux, par sécurité, positionner un coussin de candi (2,5 kg) bien isolé avec un isolant souple sous le nourrisseur retourné.

En cours d’hiver, une visite rapide de la prise (ou la non prise) de ce candi renseignera sur la nécessité de le renouveler.

 

THÈME : LA RÉSISTANCE AU VARROA

Réponses de Sonia Eynard

 

En effet les méthodes de comptage de varroas (phorétiques ou morts) peuvent être peu précises et surtout ne prennent en compte qu'une partie des varroas présents dans la colonie. Pour ce qui est du varroa phorétique i) la méthode du détergent, bien que plus invasive pour la colonie, est plus précise que celle du sucre glace, ii) nous avons tout de même pu observer une corrélation élevée (le plot ci-dessous montre la corrélation entre une estimation de varroas phorétiques, par la méthode du détergent, et par une méthode de séquençage. En résumé lorsque l'on séquence un groupe d'abeille on obtient aussi de l'ADN venant de varroas potentiellement présents sur les abeilles. Il est possible de "quantifier' cet ADN dans le groupe et donc d'estimer un rapport ADN abeille/ADN varroa que l'on peut interpréter de la même façon qu'un comptage de varroas phorétiques).

Je n'ai pas assez de recul sur les mesures de mortalité sur langes pour donner une opinion tranchée.

Malgré ces limites, les comptages de varroas ont un intérêt certain, ces mesures peuvent être réalisées régulièrement et donc permettre un suivi de la dynamique de la population de varroas dans la colonie. Ces données longitudinales sont intéressantes pour comprendre l'impact du varroa sur une colonie d'abeilles : y a-t-il un seuil au-dessus duquel les abeilles sont plus vulnérables ou au contraire se concentrent plus sur le nettoyage… Bien qu'imparfaites ces mesures restent donc intéressantes pour la recherche, encore plus si réalisées sur un large échantillon.